Dieu seul est saint

Dans notre foi chrétienne il n’y a qu’un seul Saint, intercesseur auprès du Père, c’est Jésus le Christ. Personne ne peut être Bienheureux ou être Saint par lui-même, si ce n’est par le Christ, avec Lui et en Lui, ni l’être pour soi-même, mais pour le bien de ses frères dans l’Église.

C’est pourquoi cette dernière ne béatifie ou ne sanctifie ses enfants qu’en qualité de témoins de Jésus-Christ, de son amour. Témoins de cette extraordinaire variété d’aimer, d’espérer et de croire qui nous accompagne et nous conforte dans notre pèlerinage sur cette terre.

Aussi proposer au peule chrétien en exemple un de ses enfants par l’intermédiaire d’un culte en son honneur est une immense responsabilité qui ne peut être prise qu’à la suite d’une procédure très rigoureuse.

Longtemps, au cours des premiers siècles, la ferveur populaire s’est chargée d’honorer elle-même ses serviteurs les plus fidèles. Bientôt les évêques se réserveront ce droit. A partir du XIIème siècle les papes reprendrons cette prérogative, associant petit à petit les diocèses à leurs décisions.

Depuis 1917, le code de droit canonique précisait la procédure à suivre pour la béatification (pour un « bienheureux ») ou la canonisation (pour un « Saint »). Une première fois cette procédure avait été rectifiée en 1983 par le Pape Jean-Paul II qui l’avait concédé à la Congrégation pour la Causes des Saints. Enfin, pour favoriser une collaboration plus étroite entre le Saint-Siège et les évêques, Rome a promulgué en 2007 une instruction : « Sanctorum Mater » qui précise la procédure à suivre.

Du Diocèse à Rome

Dans tous les cas, c’est d’abord à l’évêque diocésain qu’est confiée le soin de mener une enquête préliminaire approfondie basée sur deux constatations indispensables :

  • Le rayonnement spirituel du Serviteur de Dieu après sa mort : autrement dit, sa réputation de sainteté.
  • Le martyre ou l’héroïcité de ses vertus chrétiennes.

L’évêque du diocèse après avoir demandé l’aval de ses pairs (pour le Chanoine Boursier, accord de la Conférence Plénière des Évêques, Lourdes, 08 novembre 2018) et de Rome (Nihil Obstat obtenu début mars 2019) forme une commission en charge d’étudier la requête. Elle se compose de plusieurs membres :

  • Le « Postulateur » (Pour le Chanoine Boursier c’est Christian Simon, paroissien de Sainte Thérèse) en charge du suivi de l’enquête au nom de « l’Acteur » (Le Diocèse de Lyon). Il conduit les recherches et recueille la documentation puis remet le résultat des travaux dans un « Libelle ». C’est en quelque sorte le « défenseur » du dossier.
  • Le « Délégué Épiscopal » qui représente l’évêque.
  • Le « Promoteur de Justice » qui veille à l’exact respect des dispositions légales.
  • Le « Notaire » Qui rédige les actes et transcrit les déclarations des témoins.
  • Un « Expert médecin » si une guérison miraculeuse présumée est au dossier.
  • Des « Censeurs théologiens » pour l’étude des écrits publiés et de la personnalité du « serviteur de Dieu ».
  • Enfin des « Experts en matière historique et archivistique » qui forment la « Commission Historique ».

L’enquête, qui peut durer plusieurs années, doit faire preuve de la plus grande impartialité avant d’être présentée à la Congrégation pour la Cause des Saints (Rome).Celle-ci est présidée par un « Préfet » (Cardinal) assisté d’un « Secrétaire » (évêque). Les divers documents et rapports fournis par l’enquête diocésaine constituent le fonds des débats. Après délibération contradictoire, la Congrégation se prononce par un vote.

Si le vote est positif, le Serviteur de Dieu est déclaré « Bienheureux », un culte peut lui être rendu localement. Si l’évêque estime que ce culte mérite d’être proposé à l’Église universelle, une procédure de canonisation sera entreprise sur les mêmes bases que celles de la béatification.

L’examen de l’héroïcité des vertus et la réputation de sainteté et de signes

Héroïcité des vertus

Concernant le chanoine Boursier, les vertus héroïques que le Diocèse cherche à démontrer comme étant la manière dont le serviteur de Dieu s’est uni au Christ dans sa vie au quotidien et avec ceux qui lui ont été confiés, sont le fruit de l’évolution de toute une vie et trouvent leur apothéose dans sa mort héroïque (voir commentaire de Mgr Lavarenne en fin de ce document).

Comment donc reconnaître ces vertus ?

Une première piste nous est donnée dans sa deuxième lettre aux corinthiens, où saint Paul nous indique comment être ce témoin du Christ (2 Cor 6, 3-7), quels doivent en être les mérites et dans quelles circonstances.

Mais c’est aussi, et sans que cela soit exhaustif, au travers des vertus théologales (foi, espérance et charité), cardinales (prudence, justice, force et tempérance) et autres (pauvreté, obéissance, chasteté et humilité), vertus qui rejoignent le texte de saint Paul, que nous pouvons orienter notre quête.

  • Foi , comment s’est manifestée la foi du serviteur de Dieu tout au long de sa vie ? Quels moyens a-t-il pris pour la développer, la mettre au service des autres et de l’Église ? …
  • Espérance : Comment a-t-il su répondre à l’aspiration au bonheur placé par Dieu au cœur de chacun au travers des événements, mais aussi des personnes rencontrés dans sa vie quotidienne et spirituelle ( Cultes particuliers à la Vierge Marie et à Sainte Thérèse) ?
  • Amour de Dieu dans sa vocation de prêtre et amour de l’homme, jusqu’à donner sa vie pour la liberté.
  • Prudence dans ses conseils, ses relations, ses bienfaiteurs… dans les moments difficiles.
  • Justice envers Dieu : fidélité à ses obligations de pasteur et Justice envers les hommes dans sa lutte pour la justice sociale.
  • Force, cette force d’âme qui a été sa caractéristique particulière dans toutes ses initiatives et ses combats.
  • Pauvreté, Détachement des biens du monde pour lui-même (tout était pour son église).
  • Obéissance et vénération à l’égard de son évêque malgré quelques divergences.
  • Humilité

Réputation de sainteté et de signes

Au delà des vertus chrétiennes, l’enquête doit connaître l’opinion d’autrui sur la vie du Serviteur de Dieu, mais aussi les grâces qui peuvent lui être attribuées. C’est au travers de témoignages que l’on peut se rendre compte comment ont été perçues ses vertus. Témoignages oraux de contemporains quand la cause est récente, mais aussi documents publiés ou non pour les causes plus anciennes. Concernant le Chanoine Boursier décédé en 1944, bien peu de personnes sont encore vivantes pour témoigner, c’est donc dans la littérature ou dans la documentation que peut être retrouvée cette opinion. Sa fin tragique aide dans le sens où elle a suscité de nombreux témoignages et mis à jour autant d’œuvres cachées.

La réponse se trouve également dans les témoignages d’aujourd’hui, passés de générations en générations, la commission doit y être attentive. Notons que l’instruction « Sanctorum Mater » stipule que cette réputation de signes doit être stable, avoir un caractère de continuité et être répandue auprès de personnes dignes de foi et en nombre suffisant.