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Villeurbanne –La Chapelle de la Cité – L’église Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus – Les écoles

Nous avons vu dans le chapitre dédié au « Prêtre au grand cœur » comment en peu de temps son action fera prendre son essor à cet embryon de paroisse que constitue la chapelle de la Cité.

Les écoles

Ici la première réalisation de François Boursier sera de construire des écoles. Comme à la salle de La Sentinelle, les plans seront dessinés par l’architecte Desvignes (à qui François Boursier restera fidèle jusqu’au bout). La rapidité de cette construction a deux causes, la première est que, sans école proche, les enfants du quartier poursuivaient leur scolarité à Bellecombe, échappant par là à la vie paroissiale, la seconde est que nous touchons là l’objectif premier de Mgr Caillot, en tant que moyen de lutte contre la déchristianisation instaurée par la politique de cette époque. N’oublions pas la loi contre les congrégations, ces dernières assurant le principal de l’éducation jusqu’à la fin du XIXème siècle.

Pour la construction des locaux, la commande est faite par l’œuvre Villeurbannaise de l’abbé Rambaud, dont le numéro 2 des statuts nous indique qu’elle est, entre autre, une association ayant pour « objet, l’étude, la création et l’administration d’institutions d’éducation religieuses » et à l’intention de la Société Cité Lafayette, société regroupant les principaux industriels du quartier qui réglera définitivement les comptes en juin 1930.

Alain Moreau 1 nous dit dans son ouvrage, page 154 – 155 : « A la Cité il y a trois école libres, une pour les tout petits, soit mixte, soit réservée aux filles, sous la direction de Mademoiselle Chaumillat, un externat de filles (25 rue du 4 Août), avec Mademoiselle Baby comme directrice et enfin un externat de garçons sous la direction de M. Allemand , à sa mort cette école prend même son nom. Ce qui fait au total 3 classes de garçons, 3 de filles avec 250 élèves .

Les externats reçoivent des enfants de six à douze ans, la suite des études dans le secondaire doit se dérouler ailleurs , mais pour la rentrée de 1930 on ouvre un cours du soir à l’intention des parents et des jeunes filles pour la préparation au brevet élémentaire. Sœur Claude Marie précise que les enfants de l’école et ceux du catéchisme et des patronages sont entièrement séparés ».

L’Église Saint Thérèse de l’Enfant-Jésus

Dans une plaquette de la « Semaine Religieuse du Diocèse de Grenoble » du 7 juin1945, éditée en mémoire du Chanoine Boursier et retraçant sa vie, nous pouvons lire :  « La chapelle devient trop petite pour le nombre sans cesse croissant de fidèles. L’action apostolique du chapelain porte rapidement ses fruits. Il augmente le nombre de messes dominicales et à chaque messe la chapelle est pleine ». L’abbé prend donc la décision de constituer un dossier pour demander à Mgr Caillot la construction d’une grande église. Alain Moreau commente alors:  « Le curé bâtisseur continue sa route ».

A la même époque, pour des raisons d’hygiène et dans un but humanitaire, le conseil municipal de Villeurbanne, sous l’impulsion de son maire le Docteur Lazare Goujon, décide le la création d’un nouveau centre ; ce sera l’édification des « Gratte-Ciel ».

Gratte Ciel Villeurbanne

Devant l’évolution de la ville, Mgr Caillot estime qu’il est  « …nécessaire de créer un nouveau centre religieux ». Pour l’abbé Boursier les préférences sont nettes : il veut un édifice vaste (lui parlant de l’église et des Gratte-Ciel, Lazare Goujon lui aurait dit :  « Faites grand, car je vais faire grand ! »), sa construction se fera en ciment armé, la couverture fera appel aux techniques modernes pour l’époque de la charpente métallique. De tout manière, la pierre, utilisée généralement pour les lieux de culte, s’avère beaucoup trop onéreuse pour ses finances. Comme pour ses réalisations antérieures, François Boursier fera appel à l’architecte Desvigne, entouré d’entrepreneurs locaux. Citons Pierre Joly pour la maçonnerie, M. Léglise pour l’ébénisterie-menuiserie, Messieurs Gobron et Guinet pour le maître-autel, Bertoncini pour la plâtrerie-peinture, Bozonnet, verrier et François pour la partie électrique.

La première pierre sera posée le 25 novembre en présence de Mgr Caillot. Dans le bulletin paroissial de septembre-octobre 1930 nous pouvons lire une brève présentation de l’église : «  Le plan de l’église est le plan habituel : la croix latine avec une prédominance de la nef principale, comme dans la plupart des églises actuelles… La façade latérale est très pure de lignes, point de décoration superflue, des triples baies dans l’axe de chaque travée suffisent à lui donner son harmonie, et, chose intéressante à constater, ces baies très élancées, terminées en pointe, sont d’esprit nettement gothique… A l’intérieur, on est surpris de constater combien rien ne choque l’œil dans cette nef volontairement dépouillée…Quant à la voûte elle-même, elle est prévue de forme parabolique. Cette courbe très employée dans les églises actuelles est particulièrement élancée, c’est une des lignes les plus heureuses que se soit assimilée l’architecture moderne… (Article signé J.J.)

Les fondations seront terminées en juillet 1929 permettant aux cérémonies de se tenir dans la Crypte et non plus dans la chapelle qui est transformé en grand Hall (ce qui est toujours le cas en 2019). Pour avoir un beau parvis, l’abbé Boursier avait décidé de la démolition de cet édifice, mais il s’est pour cela heurté au veto des héritiers de l’abbé Camille Rambaud.

Construction église Sainte thérèse

Les murs s’élèvent et la charpente métallique est posés durant l’été 1930. Il est prévu que l’abside et le bas de la nef seront construits plus tard (la mort du Chanoine sonnera le glas de cette réalisation).

Le 17 mai 1931 Mgr Caillot procédera à la consécration de l’église. Certes à cette date les manques sont encore nombreux mais le Chanoine aura sans cesse à l’esprit d’embellir les lieux pour en faire une église digne de Celui pour qui il a donné sa vie.

Intérieur de l’église – 2019

Les problèmes financiers

Dès la décision prise de construire l’église, François Boursier passera sa vie à chercher de l’argent comme le dit Alain Moreau « avec un optimisme presque irréel !». Il le fera tout naturellement auprès des paroissiens au travers d’un souscription. Ces dons sont bien souvent anonymes et en échange de quelque demande de protection adressée à sainte Thérèse qui a été choisie pour être la patronne de la paroisse.

(c) Fouillet
Vitrail numéro 5

Mais la plus grosse partie du financement vient des industriels voisins de l’église et que l’abbé sollicite parfois jusqu’à l’excès. Pour bien les garder « sous sa main », il les place à la tête d’une sorte de commission de financement qui récolte, mais surtout donne beaucoup. Citons les familles Ancel, Isaac, Nombret entre autre. Il y aura aussi les ventes de charité ou les spectacles pour lesquels il invite des artistes connus. En 1938, le rapport moral des hommes annonce le solde de toutes les dettes.

Les aménagements – un projet arrêté pour cause de guerre

Si les entrepreneurs sont payés, il faut aussi aménager l’église. Le Chanoine fera installer le chauffage, les orgues (voir le chapitre : Le Musicien), les statues dont le choix sera soumis au paroissiens, les carrelage, les vitraux, etc… la guerre ne pourra même pas donner un frein à cette frénésie puisque quelques jours avant sa mort les cloches arriveront. Malheureusement l’arrestation de Chanoine Boursier puis son assassinant par la Gestapo l’empêcheront de terminer son œuvre et l’église sainte Thérèse restera inachevée, telle qu’on le connaît en ce jour. Les cloches ne verront jamais leur clocher… à moins que maintenant…

Soleil à travers les vitraux

Suite la lecture : Conclusion