Le Réseau JOVE (15/12/1942 – 30/10/1943)
Nous ne savons pas grand chose du réseau « JOVE ». Tout au plus apprenons-nous par l’attestation d’appartenance aux F.F.C. délivrée par le Secrétariat d’État aux Forces Armées le 13 mai 1950, « bureau Résistance », que François Boursier a appartenu à ce réseau du 15 décembre 1942 au 30 octobre 1943. Il y est chargé d’une mission de 3ème classe qui lui demande de favoriser l’hébergement d’agents de la Résistance, mais aussi d’organiser une cache de matériel et d’effectuer un service social et d’aides en tout genre.
Après la guerre, lorsque la Nation a voulu reconnaître les services rendus par les résistants il a été nécessaire de classer les multiples formes de « résistances ». Parmi celles-ci, cinq concernaient plus particulièrement le « bureau Résistance », car elles donnent lieu à la prise en compte de services militaires. Chacune de ces familles a sa réglementation particulière qui vise à cerner au mieux, et à récompenser le plus justement possible, les services rendus : Le Chanoine Boursier est classé dans les Forces Françaises Combattantes (FFC) : elles sont constituées des agents des réseaux de renseignement, d’action et d’évasion (109 000 hommes et femmes). Il lui est affecté, pour sa période d’appartenance au réseau JOVE, le grade de Sous Lieutenant. ( Service Historique de la défense (Vincennes) : Dossiers administratifs de résistants sous-série GR 16 P ).
La S.A.P. (Section Atterrissage Parachutage) (01/11/1943 – 20/08/1944)
Toujours d’après la même attestation il est indiqué que du 1er novembre 1940 au 20 Août 1944, jour de sa mort, on le retrouve au S.A.P. Sous la direction du Colonel Rivière (alias « Marquis »). Sa mission devient de première classe, elle consiste à organiser : « l’Hébergement d’officiers alliés et de radios, aménagement dans son église d’un dépôt d’armes et de matériel parachutés de Londres et d’Alger, ce matériel se trouve ainsi en sécurité en attendant sa remise aux destinataires. » Claude Dériol dans un article de l’ Essor de 1956 nous dit : « La cure de Sainte-Thérèse devient le relais des garçons qui fuient le S.T.O., des juifs traqués, des combattants de l’armée secrète. Le chemin du maquis et la route de Londres passent par la rue du 4 août. » (DERIOL (Claude), « Le Chanoine Boursier … art. Cit. » in L’Essor du 19 août 1956, A.B.).
La cure : un lieu d’hébergement…
La cure de Sainte Thérèse verra donc passer bon nombre de visiteurs. Le principe étant de ne jamais rester longtemps au même endroit, ces passages seront la plupart du temps de coutre durée. En décembre 1943 on y verra le Gouverneur Louveau (qui proclama le ralliement de la Côte d’Ivoire à De Gaulle) qui y séjourne après son évasion avec trois camarades de la prison de Riom et avant de rejoindre Londres, mais aussi Chavant, le patron du Vercors qui fait de nombreux voyages vers Londres ou Alger, d ‘Astier de la Vigerie, mais aussi et surtout des communistes, des réfractaires au S.T.O., des juifs recherchés. Pour reprendre les mots d’Edouard Parel : « Chacun trouvait donc chez l’abbé Boursier le refuge et les concours désirables ». Il trouvait là le moyen de faire se rejoindre et son engagement à la Résistance et son Sacerdoce.
…et un lieu de contacts
Dans une petite bibliographie que lui consacre le Colonel Rivière, son supérieur, il est précisé : « En 1943, son rôle s’accroît dans le réseau. Il reçoit non seulement les persécutés, les juifs, mais aussi un dépôt clandestin d’armes et explosifs de quelques tonnes ». Les armes seront dissimulées dans une cache, derrière l’autel mais aussi dans l’orgue, on y retrouvera d’ailleurs des sacs de grenades le jour de son arrestation.
C’est dans le confessionnal, lieu qui garde les secrets, qu’il rencontre Robert Vallon qui travaille comme agent de liaison avec la Savoie et la Haute-Savoie dans le cadre du Réseau « Chabert ». Les discussions portent sur les boites aux lettres et leurs fréquents changements. Les « Boites aux lettres » sont les « instruments » principaux des agents de liaison, elles sont soit « vivantes » sous forme d’un sympathisant, soit « statiques », comme un lieu, un local, et elles permettent aux informations secrètes de voyager de la tête à la base de la résistance et vice-versa. Pour cloisonner les réseaux, elles changent régulièrement, celles abandonnées sont dites « désuètes ».
Mais l’abbé Boursier possède un autre moyen de communiquer, il a à sa disposition un poste émetteur-récepteur caché dans l’harmonium du presbytère.
Suite : L’arrestation