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L’entrée en résistance

Par définition, les actions de Résistance laisseront peu ou pas de traces écrites. C’est donc principalement grâce à des témoignages que pourront être, et souvent très partiellement, découvertes les actions de Résistance de François Boursier.

L’abbé Boursier et le presse clandestine

Mais quelles sont donc les motivations profondes de l’abbé ?

Pour Mgr Lavarenne, qui rencontre régulièrement le prêtre pendant cette période, l’abbé Boursier veut poursuivre la guerre car il a pris connaissance que ce n’est pas une lutte classique de puissances semblables : « Il comprend à l’évidence qu’il s’agit de bien autre chose : de tout l’avenir de la chrétienté, du destin de la civilisation issue de la parole du Christ ; il s’agit de la dignité des âmes et de la liberté des consciences. Dieu ne peut pas permettre la ruine de son œuvre, la défaite de l’idéal, de la vérité et du droit ». (Alain Moreau – Mémoire de Maîtrise d’histoire) Alors pour dénoncer il va agir.

C’est d’abord en chaire où dans le ville qu’il n’hésite pas à lancer des propos parfois imprudents. Par l’intermédiaire de l’abbé Cottin il rencontre un certains nombre de personnages qui, par les chemins volontairement tortueux des réseaux de Résistance, l’amèneront à proposer ses services pour l’impression du « Bulletin de la France Combattante ».

Le « Bulletin de la France Combattante »

Les réseaux d’une partie de la Résistance commencent dès 1941 à se structurer. Né sous l’impulsion d’Henri Fresnay, le mouvement « Combat » en fusionne un certain nombre. Les différents organes de presse qui les représentaient fusionnent également dans un journal éponyme : « Combat ». Le premier numéro de ce journal paraît pour la première fois à Lyon en décembre 1942. Pour fonctionner « Combat », comme tous les organes de presse clandestins, a besoin d’être informé. Pour cela Jean Moulin, charge Georges Bidault d’assurer la rédaction et la diffusion du « Bulletin de la France Combattante » (B.F.C.). Dans son avant-propos des « Voix de la liberté » (Ici Londres 1940-1944 – Le monde en feu) Georges Bidault nous explique le sens de ce Bulletin qui a pour but : « de rassembler, de publier et de distribuer toutes les informations que nos collaborateurs, journalistes ou fonctionnaires, auraient pu recueillir soit dans la presse de Vichy et de Paris, soit dans les services ministériels et les administrations publiques des deux fractions entre lesquelles la France était divisée ». Le B.F.C. demande une quantité importante d’informateurs, mais aussi des moyens et un lieu pour l’imprimer. C’est ici que l’abbé Boursier entre en action. Il met en place dans les locaux de la paroisse l’imprimerie qui, avec l’aide de sténo-dactylos et sous la Direction de collaborateurs de Georges Bidault (qui en sera le premier rédacteur en chef) permet d’imprimer deux fois par semaine le B.F.C. avant que celui-ci ne soit diffusé dans tous les organes de presse de la Résistance.

Ce travail dure un peu plus d’un an, jusqu’en août 1943 où l’abbé Boursier est victime d’une dénonciation. Averti par René Fusier, membre du N.A.P. (Noyautage des Administrations Publiques) qui travaille aux Renseignements Généraux, les services du B.F.C. (sous la direction de Brinon) déménageront l’imprimerie en plein jour…

«  Témoignage Chrétien« 

…mais l’action de l’abbé Boursier dans la presse clandestine ne s’arrête pas là. Si nous avions avec le B.F.C. la version temporelle de la Résistance, les Jésuite de Fourvière et le Père Chaillet en publiant le Journal « Témoignage Chrétien » en représentent la version « spirituelle ».

Quand la défaite intervient, avec son ami Jean de Lubac, le père Chaillet et un petit groupe d’étudiants commencent une réflexion spirituelle autour du Nazisme suite à la phrase de Pie XII « France, prend garde à ton âme ! ». De par sa bonne connaissance de la langue allemande, le Père Chaillet, dans le premier numéro des « Cahiers du témoignage Chrétien » livre à ses contemporains une étude approfondie du nazisme ,  anti-chrétien et dont la volonté est la destruction des valeurs spirituelles de notre civilisation Judéo-chrétienne. Son analyse est diversement accueillie. L’Église elle même fait la sourde oreille. Seuls quelques intellectuels adhèrent, la classe ouvrière la trouvant trop intellectuelle.

Rectifiant le « tir » le père Chaillet décide donc d’éditer les « Courriers Français du Témoignage Chrétien » plus accessibles aux ouvriers. Les « Courriers» sont diffusés dans un premier temps par les syndicats chrétiens et l’Action Catholique (J.O.C.). Par un concours de circonstance le Père Chaillet fait connaissance de l’abbé Boursier. Les deux homme s’apprécient et très vite la collaboration deviendra fructueuse. S’engageant à fond, comme à son habitude, François Boursier distribuera les « Cahier » à la sortie de son église. Il présentera également le Père Chaillet à sa famille de Saint-Laurent-du-Pont, son frère, Sylvain Boursier, devenant à son tour « diffuseur ». La ferme des Boursier lui servira de point de chute quand la situation deviendra trop « brûlante ». Une amitié à vie le liera d’ailleurs à cette famille.

Suite : L’abbé Boursier dans la Résistance