C’est donc un tout autre ecclésiastique qui est envoyé par son évêque, Mgr Caillot, à Villeurbanne, ville ouvrière et éminemment socialiste.
Mgr Caillot
Il faut présenter ici celui qui sera tout au long de la vie de François Boursier, un supérieur, mais avant tout un père spirituel, Mgr Alexandre Caillot. Nommé en 1916, à 55 ans, à la tête du Diocèse de Grenoble en remplacement de Mgr Maurin, nommé lui-même archevêque de Lyon, Mgr Caillot est un lettré, professeur d’allemand d’une piété christocentrique allant du Sacré-Coeur à la Vierge Marie (Notre Dame de la Salette). Conforme au clergé de son temps, pour lui, la société reste celle de l’ancien régime, chaque ordre ayant sa fonction voulue par Dieu. Promus évêque en plein siècle de déchristianisation, il nomme les ennemis de la foi : les Francs-maçons, le laïcisme, auxquels s’ajouteront bientôt le bolchevisme et le communisme. Le P. Boursier aura pour lui un respect total, lui confiant régulièrement ses joies, ses angoisses, ses questionnements.
Villeurbanne – La Nativité
François Boursier arrive donc à Villeurbanne à 40 ans, en 1919 (l’histoire de la ville nécessiterait un chapitre particulier que nous ne pouvons pas aborder ici). Quel contraste avec Dolomieu, village agricole présenté précédemment. Le voici dans une ville en pleine expansion due au déplacement de l’industrie lyonnaise qui y trouve la place dont elle avait besoin. Son Maire, socialiste, Lazare Goujon, médecin de métier, est un humaniste et l’on verra plus loin que cette caractéristique ne sera pas innocente.
L’église de la Nativité, construite dans les années 1850, remplace celle de Cusset devenue trop vétuste. Le centre de Villeurbanne, en même temps que sa population, s’étant déplacé vers les Maisons Neuves. En 1854 elle devient siège d’un archiprêtré ayant autorité sur toutes les cures de Villeurbanne. A ses côté s’installent les religieuses de Corenc qui ouvrent un pensionnat et une école. L’école prendra le nom « d’Immaculée Conception ».
Retenons à titre d’anecdote ce conseil du Curé d’Ars, « de bâtir grand », précédant et rejoignant un même conseil de Lazare Goujon en 1930 proposant au P. Boursier « de faire grand » car lui même allait « faire grand ».
Arrivant à la Nativité en 1919, François Boursier en sa qualité de Vicaire sera affecté aux œuvres. Il pourra alors appliquer à Villeurbanne les recettes de Dolomieu, bonifiées de son expérience humaine de la guerre.
Son œuvre principale sera la création de la Société de « la Sentinelle », association paroissiale qui englobe de nombreuses activités, gymnastique, musique (clique, chorale), théâtre, etc… Pour « la sentinelle » son esprit de Bâtisseur fera construire une salle proche de la gare de l’Est ( Voir : Ses Œuvres – le Bâtisseur) M. Desvignes en étant l’architecte. Une chose frappe les paroissiens, contrairement à ses collègues qui restent enfermés dans leurs cures, l’abbé a une méthode nouvelle, il va au contact des foules, dans la rue, dans les cafés, de partout où il peut rencontrer du monde. On dit de lui que c’est un « prêtre moderne ».
Suite de la lecture : Notre-Dame de la Cité