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L’église Sainte-Thérèse et le quartier des « Gratte-Ciel »

Pour Mgr Caillot, « il est nécessaire de créer un nouveau centre religieux ». Des études sont entreprises, M. Desvignes en sera l’architecte, l’église Saint Thérèse prend son élan. Laissons à Mgr Lavarenne, une nouvelle fois le soin de nous dire comment l’abbé Boursier la voit : « Sa passion, puisqu’il faut que tout homme en ait une, ce sera son église. Ah ! Son église : Il veut qu’elle soit belle et attirante, et il a pour elle toutes les admirations. J’oserai dire toutes les indulgences d’un cœur de père. Il ne peut pas concevoir qu’il existe au monde une autre qui soit plus belle que la sienne. Il veut qu’elle ait des vitraux, et puis un orgue, et puis une chaire. Il veut que les chants y soient beaux : Car « chanter, c’est prier deux fois », il veut surtout qu’elle soit pleine et donc largement ouverte à tous. » 1.

Tout est dit ! La pose de la première pierre aura lieu le 25 novembre 1928. Pour la suite de la construction nous vous proposons de rejoindre le chapitre « Ses œuvres – Le Bâtisseur ».

Il est étrange de voir que sans s’être concertés, l’idée de la construction de l’église datant de 1928, un autre grand chantier va débuter à Villeurbanne allant dans le même sens. Celui des « Gratte-Ciel » en 1930. Deux hommes que tout, politiquement, aurait du éloigner vont se retrouver grâce à leur humanisme respectif : le Père François Boursier et le Maire de Villeurbanne, le docteur Lazare Goujon. Un nouveau centre religieux répondant au besoins d’un nouveau centre urbain.

Quels sont les liens entre les deux hommes : nul ne peut le dire, il n’empêche que le Maire conseille au curé : « Faites grand, car je vais faire grand ! » montrant bien par là que ces liens iront eu aussi en grandissant. Notons dès à présent qu’à Montluc l’abbé sera torturé pour qu’il avoue la cache de Lazare Goujon, mais que jamais il ne parlera 5. Association des rescapés de Montluc. Bulletin

Clôturons ce chapitre en citant une fois de plus Alain Moreau 1 « Ce qu’il faut retirer de cela c’est l’indéniable changement de l’abbé Boursier, lié aux différents facteurs villeurbannais qui demande une adaptation chez les hommes de devoir comme l’abbé, si les circonstances le réclament. Il faut tout naturellement agir selon sa conscience, mais parfois tenir compte des idées qui correspondaient à un autre contexte. Désormais la mission des deux hommes va dans le sens d’une amélioration de la condition ouvrière, en tentant aupossible d’éviter toute concurrence déloyale, ce sera une toute autre affaire avec Camille Joly, maire communiste de Villeurbanne en 1935. »

L’église sera consacrée le 17 mai 1931 par Monseigneur Caillot, évêque de Grenoble. (Précisons ici que si Villeurbanne a été rattachée au département du Rhône en 1852, ce n’est qu’en 1954 qu’elle rejoindra la Diocèse de Lyon, appartenant au préalable à celui de Grenoble).

A partir de ce moment là, François Boursier n’aura de cesse, et de trouver des fonds pour payer les entrepreneurs, et d’embellir son église au grand profit de la liturgie. Les deux iront de paire. Il organise des conférences, des concerts, des ventes de charité, des kermesses, ses troupes de théâtre se produisent régulièrement et à Sainte Thérèse et à l’extérieur. Il invite des chanteurs célèbres, chaque manifestation étant et un apport culturel et une source d’argent pour payer les travaux et le embellissements.

L’investissement principal sera d’y installer des grandes orgues (voir Ses œuvres – Le Musicien), mais aussi un chaire, une table de communion, des vitraux (pour la plupart offerts par des paroissiens) et une statue de sainte Thérèse pour laquelle il impliquera, à leur grande joie, le choix des fidèles. Plus novateur pour l’époque il installera un cinéma parlant, se chargeant de faire changer d’avis son évêque dubitatif, lui faisant bien comprendre que les idées passent aussi par le progrès. Il sera enfin très fier d’avoir repris au pouvoir laïque le tableau du Christ en Croix qui, sous le second empire présidait aux mariages et à la justice de paix au Conseil Municipal de l’ancienne mairie de Villeurbanne.

Suite de la lecture : Activités paroissiales et le monde ouvrier